Pourquoi trouve-t-on Mélissa gonflante?
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Au cours de philosophie
L’arrivée au lycée est toujours un grand moment. Tout le monde a rendez-vous. Les garçons et les filles ont fait attention à bien s’habiller. Je parie que beaucoup ont même dû passer plus de temps à se mettre en valeur qu’à faire leurs devoirs.
Aujourd’hui, ça va bientôt sonner mais, pour le moment, tout le monde s’engouffre dans le grand hall. Chacun s’embrasse, s’appelle, rigole et se retrouve. Dans quelques instants, au signal sonore, cette masse grouillante va se répandre dans les couloirs, les escaliers, les étages et à peine trois minutes plus tard, il n’y aura plus personne, à part quelques retardataires. Après le tumulte, plus de bruit hormis le son étouffé des voix dans les classes, derrière les portes fermées.
Ce matin, on commence par une heure de philo avec Mme Gerfion. Pas facile comme nom. Pourtant, ce n’est pas son nom le pire, c’est sa tête. Ce n’est pas qu’elle soit moche, mais je parie qu’elle se prépare sans même se regarder dans une glace. C’est peut-être un vampire. Cela expliquerait qu’elle soit incapable de se voir dans un miroir. C’est sans doute pour cela que, régulièrement, ses boutons de gilet sont décalés. Ce matin, je pense qu’elle s’est en plus maquillée dans un train qui déraillait. En tout cas, je ne vois qu’une catastrophe pour justifier son apparence, parce que c’est un genre de record. Dans la classe, tout le monde rigole en douce. Je suis à deux doigts de la prévenir qu’elle a un problème, mais je n’ose pas.
Les derniers ne sont même pas assis qu’elle commence déjà son cours. Elle nous parle de Descartes et de Spinoza, du libre-arbitre et du déterminisme
Je suis à côté de mon amie Léa. À trois tables devant, Axel dépasse. Léon est proche de la porte, prêt à bondir à couvert si l’immeuble subissait une attaque au lance-roquettes. Marie est juste devant le bureau de la prof, avec Pauline qui a retrouvé le sourire.
Au rang devant le mien, Mélissa fixe le tract. Le lycée va fêter ses cinquante ans. Un demi-siècle. Même mes parents n’étaient pas nés. Par contre, je crois que certains profs étaient déjà là à l’ouverture. La purée qu’ils nous servent à la cantine aussi. Le tract annonce une «grande fête» avec un spectacle musical joué par des enseignants et des élèves, des anciens qui viendront parler de ce qu’ils sont devenus et une boum géante. J’en frémis d’avance. Ce que sont devenus les anciens élèves? C’est bien de savoir qu’ils ont survécu, mais franchement … Je ne sais pas à quoi va ressembler ce «grand événement incontournable» mais l’idée de mélanger les profs et les élèves pour une fiesta m’interpelle … Mélissa a dessiné un cœur sur son tract. Elle dessine des cœurs partout. Sur les cahiers de textes des garçons, sur les sacs, sur les tables. Elle en est gonflante. D'habitude, Mme Gerfion ne s’en rend pas compte, mais comme le tract est fluo, c’est plus facilement repérable. J’alerte Mélissa et je me redresse. Mme Gerfion reprend sa tirade:
C’est exactement ce que je me dis tous les mardis quand je sors les poubelles.
D’après Gilles Legardinier «Et soudain tout change»