Pourquoi Jacques a-t-il horreur de la voiture?
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Le soir avant le départ en vacances
Il est près de quatre heures et je n'ai même pas rempli ma valise.
Je prends mon pull ou pas? Il est bien chaud pour la région, mais si les soirées sont fraîches, je serai peut-être bien content de l'avoir.
Valise bouclée.
Eh bien, voilà! Pour bien faire, je devrais donner un coup de balai, mais j'ai la flemme, je laisse tout pour le retour.
Demain je pars en vacances dans le Midi en voiture. J'ai horreur de la voiture. J'ai l'impression que ma vieille voiture attend d'être dans le carrefour le plus embouteillé pour s'arrêter définitivement. J'aurais dû prendre le train, et je me retrouverais demain matin frais et rose sous les palmiers de
Je vais me faire des spaghetti. J'ai de la viande hachée de midi, je vais mélanger le tout: ça va déjà me plonger un peu dans l'ambiance italienne, Sainte-Agnès est à quelques kilomètres à peine de la frontière.
Ça me fait penser que je n'ai plus que deux cigarettes pour finir la soirée. Et si j'essayais de ne plus fumer pendant les vacances? Je vais être au grand air. Je devrais en profiter pour m'oxygéner. Ma fille Anne m'a souvent dit que ça me jouerait un mauvais tour. Elle est impressionnante lorsqu'elle m'attaque là-dessus. Elle manie des mots terribles: infarctus, cancer, perte de mémoire. A me demander comment je suis encore vivant. Mais c'est vrai que je devrais essayer. J'achèterai encore un paquet demain matin pour la route mais, dès l'arrivée, je stoppe.
Et puis, je ferai un peu de gymnastique, ça aussi j'en ai besoin, cela doit faire dix ans que je me le promets. Je me distingue très nettement en train de gambader dans le thym et le romarin d'une colline à l'autre dans la douceur d'un petit matin: footing, flexion, petits sauts groupés, en extension, une-deux, une-deux … Je vais revenir de là-bas tout bronzé, tout reposé, tout costaud, avec des poumons propres, lavés de nicotine. J'entends déjà les collègues à la rentrée: Mais, mon cher Bernier, vous avez vingt ans de moins!»
L'eau des pâtes bout. Je verse les spaghettis que je regarde se tordre dans la casserole, longs vers de farine. Pendant qu'ils cuisent, je râpe du gruyère. Je veux me coucher de bonne heure, je mettrai le réveil à cinq heures. Quatre heures et demie même. Un coup de rasoir, la valise dans le coffre et je démarre.
Assiette, fourchette, couteau. Je me mets à table.
Je lirai un peu, je ne téléphonerai pas après tout, j'enverrai des cartes postales dès mon arrivée.
Dehors, le soleil est blanc et frappe comme un sourd contre les vitres. Les Parisiens vont frire cet été, la ville sera une poêle chauffée au rouge, ce sera intenable. Cette pensée me fait rire, je dois être méchant.
Demain, à cette heure, je serai loin.
D’après Patrick Cauvin «L’amour aveugle»