Clémence, comment a-t-elle décidé d’apprendre la lecture à sa fille?
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Plectrude à l’école
L'école était un enfer et le resta. Plectrude ne s'y habitua pas.
Heureusement, il y avait les cours de ballet. Autant ce que l'institutrice enseignait était inutile et déplaisant, autant ce que le professeur de danse enseignait était indispensable et sublime.
Ce décalage commença à poser quelques problèmes. Après plusieurs mois, la plupart des enfants de la classe parvenaient à déchiffrer les lettres et à en tracer. Plectrude, elle, semblait avoir décidé que ces choses-là ne la concernaient pas: quand arrivait son tour et que la maîtresse lui montrait une lettre inscrite au tableau, elle prononçait un son au hasard, toujours à côté de la plaque, avec un manque d'intérêt un peu trop manifeste.
L'institutrice finit par exiger de voir les parents de cette cancre.
La maman ouvrit des yeux: elle n'avait jamais entendu parler d'un enfant qui redoublait son CP. Denis dit:
A la maison, Plectrude dit la même chose:
Clémence s'aperçut soudain que son mari avait raison. Elle réagit aussitôt. Dans sa chambre, elle alla chercher un gigantesque livre du siècle dernier.
Elle prit la petite sur ses genoux et feuilleta avec elle, religieusement, le recueil de contes de fées. Elle eut soin de ne pas lui faire la lecture, de se contenter de lui montrer les très belles illustrations.
Ce fut un choc dans la vie de l'enfant: elle n'avait jamais été aussi émerveillée qu'en découvrant ces princesses trop magnifiques pour toucher terre, qui, enfermées dans leur tour, parlaient à des oiseaux bleus qui étaient des princes, ou se déguisaient en souillons pour réapparaître encore plus sublimes, quatre pages plus loin.
Comme quoi il n'est qu'une clef pour accéder au savoir, et c'est le désir.
D’après Amélie Nothomb «Robert des noms propres»