Dans quelle catégorie a-t-on classé Plectrude après avoir pris son poids et sa taille?
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Les petits rats
Plectrude décida d’entrer à l’école de ballet de l’Opéra de Paris. L'habituelle école de danse de la fillette se montra enthousiaste:
Elle fut convoquée par l'Opéra afin de passer un examen. Le cœur de Clémence battait encore plus fort que celui de la petite quand elles arrivèrent à l'école des petits rats. Deux semaines plus tard, Plectrude reçut sa lettre d'admission. Ce fut le plus beau jour de la vie de sa mère.
Le collège entier savait pourquoi elle partait et s'en enorgueillissait. Même les professeurs dont Plectrude avait été le cauchemar déclaraient qu'ils avaient toujours senti le «génie» de cette enfant. Les pions vantaient sa grâce, les dames de la cantine louangeaient son manque d'appétit, le professeur d'éducation physique évoquait sa souplesse et la finesse de ses muscles; le comble fut atteint quand ceux des élèves qui n'avaient jamais cessé de la haïr depuis le cours préparatoire se flattèrent d'être ses amis.
Cet été-là, ils ne partirent pas en vacances: l'école des rats coûtait cher. A l'appartement, le téléphone sonnait sans cesse: c'était un voisin, un oncle, un camarade, un collègue, qui voulait venir voir le phénomène.
Elle attendait la rentrée comme une libération. Ce fut un emprisonnement.
Plectrude avait toujours été la plus mince de tous les groupements humains dans lesquels elle s'était aventurée. Ici, elle faisait partie des «normales». Celles qu'on qualifiait de minces eussent été appelées squelettiques en dehors du pensionnat. Quant à celles qui, dans le monde extérieur, eussent été trouvées de proportions ordinaires, elles étaient en ces murs traitées de «grosses vaches».
Le premier jour fut digne d'une boucherie. Une espèce de maigre et vieille charcutière vint passer en revue les élèves comme si elles avaient été des morceaux de viande. Elle les sépara en trois catégories à qui elle tint ces discours:
Ensuite, on mesura et pesa les jeunes morceaux de viande. Plectrude, qui aurait treize ans un mois plus tard, mesurait un mètre cinquante-cinq et pesait quarante kilos, ce qui était peu, surtout compte tenu du fait qu'elle était tout en muscles, comme une danseuse qui se respecte; on ne lui en signifia pas moins que c'était un «maximum à ne pas dépasser».
C'était peu dire qu'en ces murs régnait une discipline de fer. L'entraînement commençait tôt le matin et se terminait tard le soir, avec d'insignifiantes interruptions pour un repas qui ne méritait pas ce nom et pour une plage d'études pendant laquelle les élèves savouraient si profondément le repos du corps qu'elles en oubliaient l'effort intellectuel requis. Les corps étaient tellement exténués par les heures interminables d'exercices que l'obsession était simplement de s'asseoir. Les moments où l'on n'employait pas ses muscles étaient vécus comme des miracles.
D’après Amélie Nothomb «Robert des noms propres»